il est vingt-deux heures et le sommeil ne semble pas vouloir venir l’étreindre alors il écoute de la musique comme il le fait toujours. il a fini par se rendre compte que tout à propos d’elle était beaucoup plus supportable en musique. parler avec elle était inutile parce qu’elle semblait avoir ses propres réponses déjà fondées de toutes façons. la musique apaise son coeur tourmenté par le fait même de devoir dormir. depuis quand craignait-il autant ses cauchemars au point de les éviter. dormir était nécessaire mais certains jours il préférait la nuit à la journée pour vivre. la nuit il y avait quelque chose de magique avec la présence de la lune dans le ciel et le silence qui persistait, c’était indéniable. silencieusement il regarde le plafond puis la seconde d’après est totalement incapable de voir quoi que ce soit. noir total dans la pièce. doucement il se redresse, les genoux ramenés vers lui le dos collé contre le mur. silence, plus que sa respiration irrégulière et ses lèvres qui s’entrouvrent car il aimerait lui dire à cette petite peste, il aimerait lui dire qu’elle n’est pas drôle, que ses lèvres n’ont même pas tremblées et qu’il déteste partager cette chambre avec elle. doucement, il enlève ses écouteurs et se lève lui même. il appuie sur l’interrupteur, une fois, deux fois, continuellement espérant que ça marche.
devant le miroir de la chambre, boo s'admire. reflet sublime, vision apaisante de son propre faciès: y a pas à dire, qu'est ce qu'elle se kiffe. appliquant délicatement la crème sur son visage, si celui partageant sa chambre n'était pas une sale tête de cochon, peut-être lui en proposerait-elle. hors, l'énergumène osant partager son espace se trouve être dénué de manière, d'une maladresse maladive et d'un caractère ennuyant à mourir: pas de quoi s'faire des batailles d'oreillers, discuter des derniers potins d'actrices de télé-réalité ni même se retrouver à lui arracher un sourire. alors que ses pensées savoureuses s'imaginent l'étouffer sous un coussin, tout s'arrête:
le monde ne tourne plus les souffles sont coupés la fin, la pause impromptue l'impression de ne plus exister.
y a plus de lumière. ses doigts atteignent doucement la commode face à elle, alors que d'un regain d'énergie boo se lève.
-"smith! rallume putain!"
y a de la colère; de la rancœur mais surtout de la peur. ça la ronge, comme ce noir infini qui dévore toutes les parties de l'univers dont elle ne sait que faire partie.
et puis elle le perçoit le cliquetis, le mouvement vain pour tenter d'activer l'interrupteur. elle l'entend le silence, et les respirations qui ne savent plus à leur tour comment fonctionner. y a presque des larmes dans sa gorge qui l'empêchent de parler, cette impression terrible d'être de nouveau enfermée. frappée. mal-aimée.
-"t-trouve ton téléphone! allume un truc! fais quelque chose smith c'est pa- ah! la p*te de sa cousine la sale chienne!"
désespérément boo s'était avancée, et inévitablement la table basse boo s'était mangée. mains tentent de frotter le bleu invisible à défaut de pouvoir réparer le palpitant qui s'affole.
c'est la fin; ou c'est la pause du monde?
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Sam 7 Sep - 18:21