caractère & anecdotes. (two fathers, no mother) Les regards d'incompréhension un peu trop présent lorsque tu dis que tu n'as pas de mère, mais que tu as une génitrice. Les regards, les questions blessantes sans vraiment le vouloir, la curiosité un peu malsaine que tu as pu recevoir, ainsi que ton frère et tes parents ont pu recevoir. T'as deux pères, t'as pas de mère, c'est simple à comprendre. Une femme t'a porté, sans doute un peu aimée, ton frère et toi durant neuf mois pour concrétiser l'amour d'un couple qui s'aimait depuis plusieurs années déjà. T'as deux pères et pas de mère et pourtant, tu dois encore continuer à expliquer pourquoi tu dis ça et ça t'épuise, tu veux juste qu'un jour ça soit normal, qu'on ne te lance pas de regard comme si tu étais une curiosité.
(brainy boy) Gamin qui était loin d'être stupide, qui avait même la tête bien rempli. T'avais nettement plus de facilité que ton frère, deux gamins aux tempéraments opposés, c'est ce qu'on disait souvent. Peut-être bien que Seth était un peu plus ouvert, un peu plus impulsive que toi, mais t'étais comme lui, tu détestais mettre ton nez dans un livre, dans un cahier. Les informations que tu vois, que t'entends et que tu retiens facilement. Gamin qui se reposait sur ces facilités et qui n'a jamais eu la chance de les exploiter sérieusement. L'université que tu n'as pas tentée, tu savais que la chute serait un peu trop violente, tu savais que la déception serait aussi présente.
(some old wounds never truly heal) Idée stupide que t'avais eue, que vous avez eu. La fac que tu n'avais pas envie de faire, ton frère qui savait très bien qu'il n'irait pas plus loin dans les études. L'armée, une idée de passage pour toi, une solution de secours qui s'est avéré être celle que t'as retenu parce que t'as suivi ton frère, parce que tu n'avais pas envie de le laisser seul. Tes parents qui étaient mort d'inquiétude, qui auraient pu vous tuer sur place pour pouvoir vous garder un peu plus longtemps. Des larmes, quelques cris et de l'incompréhension, c'était le rythme de ta vie avant votre départ. Gamins à peine adulte qui s'engage, ton frère qui avait le projet de sauver le monde, d'être comme un superhéro, tu les vois encore les étoiles dans son regard, tu vois encore sa détermination. La formation qui passe, les semaines, la détermination qui est encore bien présente. Première mission, premières désillusions qui arrivent. Attaque surprise sur un chemin tout à fait normal. La voiture qui se renverse, les cris qui se font entendre. Ta jambe qui se retrouve coincée, ton frère qui semble être inconscient, son nom que tu cris encore et encore, mais rien. Le corps que t'essayes de sortir de la voiture, ta jambe que tu blesses un peu plus. Le soulagement quand tu sens la respiration de ton jumeau, le soulagement lorsqu'il semble prendre une connaissance. L'attaque qui se termine par un voyage à l'hôpital. Le verdict qui tombe, t'es à la retraite, t'es incapable de faire quoi que ce soit avec une jambe qui a presque été réduite en bouillie.
(such a failure) Retour au pays qui était un peu trop violent. Toi qui te retrouves sans rien, qui a été accueilli par la marque d'une main, par des cris pour vous dire à quel point vous étiez inconscient. Aucune réponse qui sort de ta bouche, tu ne peux pas dire le contraire, t'avais été con de suivre ton frère, de faire quelque chose dont tu ne voulais pas vraiment, juste parce que tu n'avais pas envie de le quitter, que t'avais encore ce putain de besoin de le protéger comme s'il ne pouvait pas le faire tout seul. T'as été trop con et t'as presque perdue une jambe. La rééducation qui était beaucoup trop longue, beaucoup trop épuisante. T'essayes de reprendre les études, mais t'as pas la tête à ça, t'abandonne un peu trop facilement. Les boulots que t'enchaînes, que tu ne gardes pas longtemps. De toute façon, tu peux presque compter sur ta pension de retraite pour vivre un peu convenablement. Les échecs que t'accumules à tous les niveaux, t'es qu'un échec, tu vois bien dans le regard de tes parents, t'as bien vu la fierté dans leur regard qui disparaissait petit à petit, t'en étais presque venu à penser qu'ils seraient bien mieux sans toi.
(travel far enough, you meet yourself) Cette impression de ne plus être toi-même, d'être un simple pantin, un simple spectateur de ta vie. Corps sans âme, tu fais ce que tu dois faire, tu ne trouves rien qui semble la combler. L'envie de tout plaquer qui arrive, mais t'as encore un lien qui semble te garder à Philadelphie : ta famille. T'y reste parce qu'ils sont là, t'y reste parce que t'as envie de croire qu'ils tiennent à toi. Le regard, la remarque, la journée de trop. Une valise que tu prends, des affaires que tu entasses, la portière de voiture qui claque, le moteur qui vibre un peu trop fort lorsque tu démarres. Tu pars sans prévenir personne, tu pars parce que tu as envie de découvrir autre chose, de faire un truc qui semble être important. Tes parents qui te contactent, les appels manqués qui s'accumulent, les messages aussi. L'inquiétude que tu peux entendre dans leur voix, tu craques, tu réponds à un énième appel. La colère, la tristesse, le soulagement dans leur voix, les mêmes émotions que lorsque tu es revenu. Tu craques, les larmes qui coulent, t'en peux plus, t'as besoin de faire une pause, tu ne les oublies pas, tu reviendras quand tu te seras retrouvés, mais tu ne peux pas faire semblant. Les destinations qui s'enchaînent, les photos, les dessins que tu accumules pour ne pas oublier. Ton âme qui semblait revenir, ton corps qui n'était plus aussi vide.
(i think i need a drink) Les images qui reviennent sans cesse te hanter, les nuits qui ne sont pas faciles, qui ne sont pas tranquilles, les cadavres qui viennent s'entasser encore et encore. La mort qui plane au-dessus de tes rêves, de tes cauchemars. Toujours le même, le sang qui coule sur tes mains, les vies innocentes que tu n'as pas pu sauver. T'as envie d'oublier, de tout oublier jusqu'à ta propre personne s'il le faut. Des cadavres qui s'entassent dans les chambres que tu loues, les bouteilles qui se vident un peu trop vide, l'argent qui s'envole pour un liquide qui devient presque vital. Oublier, tu veux juste oublier. L'addiction qui devient plus fort, qui aide à te faire sentir bien. Le sang qui ne coule plus dans tes veines, l'alcool qui vient le remplacer. T'es tombé bien bas, tu le sais, tes nuits sont peut-être plus tranquilles, mais tu continues à faire des victimes, caractère un peu trop changeant, la voix qui monte un peu plus vite que d'habitude. L'alcool qui te change, bête que tu deviens, les pétales de la rose qui tombe de plus en plus vite. Bête que tu resteras à jamais si tu ne prends pas l'aide qu'on te donne, c'est ce que tu pensais du moins. Le verre de trop, les cris, les larmes de trop là aussi. Si tu ne faisais rien, il partait, te laissant un peu plus plonger dans les ténèbres. Bête qui s'accroche à un morceau de tissus, qui supplie encore et encore. Tu promets, tu veux réussir pour lui. Gamin qui te laisse devant une clinique qui te promet de t'attendre, te venir te voir, te chercher une fois guéri. Les semaines qui passent, le manque qui se fait ressentir. Un nom, un surnom que tu cris encore et encore. T'as besoin de lui, il était ta force pour cette épreuve. Encore aujourd'hui d'ailleurs.
(baby hit me one more time) Gamin que tu aperçois marcher seul le long d'une route en plein désert. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu t'es arrêté, ton cœur qui s'arrête durant une ou deux secondes. Gamin qui s'est enfermé dans le silence quand tu lui poses des questions, tu ne forces pas, un langage que vous avez mis en place pour communiquer. Un surnom qui arrive un peu trop facilement, un peu trop rapidement, Baby que tu l'appelles quand vous étiez dans le magasin à chercher des tenues. Les corps qui se rapprochent facilement quand le gamin a des crises d'angoisse durant la nuit. Les mois qui passent et les lèvres qui se scellent, baiser qui t'a donné cette impression d'être enfin complet, comme si tu venais de trouver une raison de vivre. Les sourires qui apparaissent de nouveau sur ton visage quand tu le vois danser, le regard qui ne lâche pas lorsque tu le vois bouger, comme si tu venais d'apercevoir la huitième merveille de ce monde. Baby, il est tout pour toi. C'est sans doute pour ça que tu ne l'as pas quitté quand le tour des Etats-Unis, que tu l'as suivi dans sa ville natale. Tes parents ont été déçus lorsque tu leur as dit que tu ne reviendrais pas, ils étaient compréhensifs. La demande que tu fais aussi, le cri de joie, le baiser que tu ne peux retenir quand il te dit. Baby, c'est ta vie, c'est celui qui a fait en sorte que les pétales s'arrêtent de tomber et que tu ne deviennes pas cette Bête.
(home isn't a place, its a feeling) Deux ans que t'habites à Moriah Creek, le changement fut un peu brutal, tu dois le dire. T'étais habitué à une vie dans une ville qui bouge, dans une ville un peu trop grande pour toi, où il était facile pour toi pour passer inaperçu. Moriah Creek, cette ville à l'atmosphère étrange, qui te fait un peu peur, tu dois l'avouer. Peut-être que dès fois, t'as envie de lui demander de partir, de retourner faire des voyages, de trouver une autre ville où s'installer, tout ça parce que tu ne te sens pas à l'aise, mais c'est trop égoïste de ta part, alors tu te tais, tu veux juste lui faire plaisir. Après tout, c'est lui qui te fait sentir chez toi. Baby qui rêve de plus, qui ne voudrait plus voir cette maison vide. Des enfants, sujet qui revient ces derniers-temps, t'aimerais pouvoir lui dire que toi aussi t'en avais tout de suite, mais ce n'est pas le cas. T'as peur, parce que t'as pas l'impression d'être assez bien pour fonder une famille. T'as peur, parce que t'as pas l'impression que cette ville soit faite pour accueillir un enfant. Tu te caches sous tes faux prétextes, pas maintenant parce qu'il y a le cinéma et que tu es trop occupé pour le moment. Un jour, tu lui donneras cette famille, mais pas maintenant.
| questionnaire. que pensez-vous de l'afflux de touristes à moriah creek ? Âmes nouvelles qui errent dans les rues, tu te sens un peu moins seul, peut-être plus à ta place. T'as plus, ou moins, cette impression d'être un étranger qui vient d'arriver en ville, t'as moins cette impression de déranger. Et puis, après tout, les touristes, tu ne peux qu'en penser du bien, le cinéma marche bien grâce à eux. T'as l'impression qu'ils redonnent un second souffle à cette ville, t'as l'impression qu'elle pourrait presque devenir une ville ordinaire. qu'aimeriez-vous leur faire découvrir le plus ? Tu sais pas trop ce que tu pourrais leur conseiller, sans doute les attractions touristiques à faire dans le coin, les choses qui sont recommandées par divers sites, celles qui sont sur des brochures. Tu recommanderais la boutique de ton mari, tu sais que ça lui ferais plaisir quelques clients en plus, voir de nouvelles âmes un peu trop naïve prêtes à tout pour acquérir un semblant de souvenir. que pensez-vous des rumeurs et superstitions sur la ville ? Des histoires, t'en a entendu avant ton arrivée, Maïkan qui partageait certains souvenirs d'enfance comme pour t'expliquer l'ambiance de sa ville natale. Tu pensais qu'il exagérait, tu pensais que c'était juste une sorte d'hallucination collective causées par ces légendes urbaines, mais tu dois bien le dire que t'en as vu des trucs étranges depuis ton arrivée. Peut-être qu'avec toutes ces histoires que t'as pu entendre, ton jugement est altéré, t'as rien d'objectif. quelle est votre opinion sur le blog 'trucs bizarres' ? T'as pas vraiment d'avis, sans doute que c'est un autre habitant de la ville qui s'ennuie dans son coin, qui essaye de prouver quelque chose, de montrer la vérité aux habitants de la ville et d'ailleurs aussi. Tu regardes de temps en temps, lorsque tu t'ennuies. avez-vous déjà tenté de saboter le séjour d'un touriste ? T'as pas ton temps à perdre avec des histoires comme ça, tu laisses ça aux ados du coin qui veulent s'amuser, tu laisses ça à ton mari quand il veut se venger d'un client qui était peu aimable. |