la chair de poule, les dents qui claquent. tu sais pas si c'est l'air glacial qui traverse ton épiderme et vient geler tes os ou bien si c'est l'ambiance creapy de l'endroit qui te transperce. vous voyez l'atmosphère bien effrayante du clip thriller ? bah c'est exactement ça : les arbres morts et biscornus qui n'ont pas accueilli de feuilles depuis des années, la brume épaisse qui s'agglutine sur le sol comme un concert de beyoncé, les pierres tombales recouvertes de lierres et bouffées par les années. flippant à souhait. en général c'est totalement ton trip tout ça, l'ambiance chelou où la frontière avec le paranormal est à peine distinctive. mais là, c'est pas pareil. t'es seule avec toi-même, dans une ville que tu ne connais pas du tout et surtout, il y a cette chose pesante dans l'air qui te hurle "dégage d'ici, espèce de tarée". c'est généralement ce genre d'avertissement que t'envoie ton subconscient qui te donne cet insatiable désir d'aller plus loin.

flashlight à la main, caméra infrarouge dans l'autre prête à capturer le joli minois d'un ectoplasme ou pourquoi pas d'un zombie (it's will be awesoooome), tu fais tache là à marcher avec ta si reconnaissable crinière rose et tes vêtements aux motifs flashy. la raison de ta présence ici ? sir daniel nicholas bowford, le prétendu premier maire de moriah creek. les rumeurs disent qu'il a connu une fin terriblement funeste en craquant une allumette pour allumer son ultime cigare non loin du derrière d'une vache qui se soulageait d'un pet gargantuesque au même moment. étincelles + gaz = un maire grillé. tu trouves l'idée tout bonnement géniale mais faut avouer que t'as un peu de mal à y croire. n'empêche que depuis ce récit, tu regardes plus les vaches du même œil. suite à cette mort drôlement prématurée, des bruits de couloir prétendaient que l'homme hanterait désormais la ville pour exterminer toutes les vaches du patelin. fallait que t'en es le cœur net. parcourant rapidement des yeux les épitaphes sur les morceaux de marbres vieillis, tu t'arrêtes brusquement en distinguant une silhouette humanoïde accroupie devant l'une des tombes du cimetière. ta lampe de torche et ta caméra braquée sur la personne telle une arme, tu prends une profonde inspiration. « sir bowford ? » l'ombre se mouve dans l'obscurité, pauvre gamine que tu es, tu es soudainement prise de panique et tu balances la première chose qui te passe par la tête. « j-j'suis pas une vache, j'vous jure ! » facepalm.

Spoiler:

t'as le coeur qui palpite comme une jouvencelle face à cette ombre. bordel, c'est pas la première fois que tu te retrouves face à ce genre de situation flippante, alors pourquoi tes jambes sont paralysées là ? et puis l'ombre rigole. oh mon dieu, les fantômes démoniaques rigolent putain. t'es sur le point de t'uriner dessus, mais l'ombre se tourne et laisse entrevoir son visage. surtout pas crier, ça fait pas pro. mais finalement le revenant en question s'avère être en chair en os ; il a un visage d'ange, t'en reste un peu sur le cul, t'attendant à un ectoplasme verdâtre translucide ou bien un zombie totalement défiguré. mais là c'est un ange. ça existe ça aussi ? « et j'suis pas sir bowford. est-ce que tu te fais un trip à la ghostbusters ? je peux t'aider ? » t'as pas les mots, t'es partagé entre la joie de ne pas te trouver devant sir bowford le tueur de vaches et la stupeur de te retrouver devant cet apollon. « pour dire vrai... oui ! » tu lâches un rire nerveux. il aurait pas pu mieux décrire ce que tu faisais là, dans un cimetière bien flippant en pleine de nuit. « des rumeurs courent en ville sur ce fameux sir bowford, le soi-disant premier maire de moriah creek. paraîtrait qu'il reviendrait hanté les vaches de la ville. alors, je pensais me rendre sur sa tombe pour en savoir plus. » pour toi ce genre de truc est tout à fait normal : entendre parler d'un truc louche et étrange, enquêter, faire face au danger, c'est ton quotidien. t'es habituée aux regards de travers, aux moqueries, ça ne te fait plus rien à force. rien ne peut détruire le mental d'une conspirationniste fan d'aliens et de fantômes. tu reprends un peu de contenance pour faire "pro" et acceptes volontiers l'aide que le bellâtre te propose si gentiment. « du coup si tu as vu quelque chose d'étrange ce soir ou bien si tu connais l'emplacement de sa tombe, oui, tu peux tout à fait m'aider ! » tu lui lances un grand sourire – généralement ce sourire qui conforte les gens dans l'idée que t'es tarée.